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Troisième jour, seconde demi-finale. Les européens de Faze Clan sont opposés aux brésiliens d’Immortals. Alors que sur la scène centrale 13000 spectateurs s’apprêtent à suivre la finale opposant dix joueurs masculins, la compétition féminine n’attire que quelques centaines de curieux. Même jeu, même règle, même communauté très impliquée et malgré tout la finale féminine se déroule sur une petite scène montée au fond du salon des exposants, entre les vendeurs de cartes graphiques et les stands de boissons énergisantes. N’y aurait-il pas un problème ?

L’importance de la mixité pour l’augmentation des performances

Michaela « Mimi » Lintrup, joueuse professionnelle chez Team Secret nous fait un retour sur son expérience : « Il y a 10 ans, il y avait moins de femmes dans ces compétitions. Aujourd’hui, elles sont nombreuses dans l’esport dans de nombreux jeux. Je sens qu’on prend notre place. Lentement mais ça vient, c’est très important. » Marie-Laure « Kayané » Norindr, joueuse professionnelle et animatrice télé précise qu’il n’y a pas de « différence physique entre hommes et femmes dans le sport électronique parce que justement tout se joue sur l’intellectuel, sur nos réflexes et pas sur le physique, les muscles, etc. Par contre, la différence peut se faire sur l’entraînement, sur les adversaires qu’on peut trouver. Les scènes exclusivement féminines sur certains jeux sont une erreur car à force de s’entraîner qu’entre filles, il y a forcément un niveau qu’on zappe et c’est le niveau le plus important. » Bertrand Dattas ajoute en effet qu’il est important que le milieu de l’esport reste mixte pour que les femmes profitent des compétences des hommes et inversement. Mimi tient également les mêmes propos : « Il est très difficile pour nous de progresser car les membres des équipes masculines refusent souvent de s’entraîner avec nous. On a donc beaucoup de mal à travailler nos aptitudes et notre jeu d’équipe car on a peu d’occasion d’affronter de bonnes équipes masculines. Pourtant, on est demandeuses, on a besoin de leur expérience. »

L’esport, un haut lieu de mixité… en théorie

A l’heure actuelle dans l’esport, la très grande majorité des compétitions sont mixtes. C’est à dire que les garçons et les filles peuvent y participer sans aucune barrière. En revanche à très haut niveau, on constate qu’il y a beaucoup plus de garçons que de filles notamment du simple fait que le nombre de pratiquants entre les garçons et les filles est totalement différent. Sur un jeu comme Counter Strike, il y a peut-être 1 million de garçons qui s’entraînent alors qu’il y a peut-être que 2000 filles. Forcément avec ce différentiel entre le nombre de filles et de garçons, il y a beaucoup plus de chances de voir émerger de très bons joueurs chez les garçons que chez les filles en compétition.
Cependant, comme le précise Bertrand Dattas, nous sommes sur la bonne voie. Par exemple, Vitality a recruté Laurie « Lyloun » Lagier pour son équipe Rainbow Six Siege et l’équipe Overwatch des Shanghai Dragons a engagé la coréenne Kim « Geguri » Se-yeon. Il reste encore des progrès à faire. Bertrand Dattas pense qu’il serait déjà intéressant d’inciter d’avantage les femmes à se lancer dans ce domaine d’avenir. De plus, l’esport est un des rares sports compétitifs à pouvoir se vanter de faire évoluer des femmes et des hommes ensembles. Il est donc important de travailler et de renforcer cette particularité pour refléter au maximum l’image de mixité et de tolérance que l’esport souhaite transmettre.